Quel niveau d'inégalités peut-on socialement tolérer ?


Jusqu’où peut-on tolérer les inégalités ?
L’inégalité n’a jamais été un problème en soi. Elle existe dans toutes les sociétés et, dans une certaine mesure, elle peut même être un moteur de motivation, d’innovation et de progrès. Mais la véritable question n’est pas de savoir si les inégalités doivent exister ou non. La vraie question, c’est : jusqu’à quel point les inégalités sont-elles acceptables ?
🛑 À partir de quand l’inégalité devient-elle intolérable ?
Si un PDG gagne deux fois plus que son employé, cela peut sembler logique : il a plus de responsabilités, plus d’heures de travail, plus de pression.
S’il gagne dix fois plus, cela commence à interroger, mais on peut encore l’expliquer par le marché.
S’il gagne mille fois plus, on atteint une disproportion absurde où un seul individu accumule en un jour ce que d’autres ne gagneront pas en une vie.
À ce stade, ce n’est plus de l’inégalité, c’est une fracture sociale abyssale, qui détruit la cohésion et l’équilibre d’une société.
🔹 L’inégalité devient problématique quand elle empêche la mobilité sociale : si quelqu’un naît pauvre et n’a aucune chance réaliste d’améliorer son niveau de vie, le système est injuste.
🔹 L’inégalité devient insoutenable quand elle met en danger la démocratie : quand une poignée de milliardaires possède la presse, finance les partis politiques et oriente les lois en fonction de leurs intérêts, les citoyens perdent leur pouvoir de décision.
🔹 L’inégalité devient dangereuse quand elle crée de la souffrance évitable : quand des entreprises font des profits records pendant que leurs employés doivent cumuler plusieurs emplois pour survivre, quelque chose ne tourne plus rond.
📊 Les chiffres qui montrent que la situation est hors de contrôle
Aujourd’hui, on n’est plus dans de simples écarts de revenus raisonnables. On est dans une concentration de richesses extrême et inédite dans l’histoire de l’humanité.
📌 En 2024, les 5 personnes les plus riches du monde possèdent plus que 50 % de la population mondiale.
📌 En France, les 10 % les plus riches détiennent 50 % du patrimoine total, tandis que les 50 % les plus pauvres n’ont que 8 %.
📌 Depuis 2020, les milliardaires ont augmenté leur fortune de plus de 50 %, alors que dans le même temps, des millions de personnes sont tombées dans la précarité.
Est-ce qu’une telle inégalité est tolérable ? Peut-on accepter qu’en un seul jour, un milliardaire gagne l’équivalent de mille années de salaire moyen ?
🔍 Fixer une limite : où placer le curseur ?
La question n’est pas d’éliminer toute différence de richesse, mais de fixer une limite raisonnable.
L’idée du plafonnement des fortunes à 999 millions d’euros est un exemple de proposition concrète qui permettrait :
✔ De conserver un très haut niveau de richesse pour motiver l’innovation et l’entrepreneuriat.
✔ D’empêcher la concentration excessive du pouvoir économique et politique.
✔ De redistribuer une partie des richesses vers des investissements collectifs essentiels.
999 millions, c’est toujours un niveau de richesse extraordinaire, mais cela empêche les écarts absurdes qui tuent la justice sociale et la démocratie.
🧩 Un équilibre à trouver
L’acceptabilité sociale des inégalités dépend du contrat social implicite dans une société. Si les écarts sont raisonnables et que tout le monde peut vivre dignement, alors ils sont tolérables. Mais si l’ascenseur social est bloqué, si les services publics se dégradent pendant que les riches ne contribuent plus, alors la tension monte.
💡 L’enjeu n’est pas d’égaliser tout le monde, mais de définir une inégalité "acceptable".
Alors, où place-t-on le seuil ? Quelle est notre limite collective ? À partir de quand l’écart devient-il trop grand pour que notre société reste en paix ?
C’est la question que nous devons nous poser. Maintenant.