99,99997 % vs 0,0000339 % : pourquoi rien ne change ?

les non-milliardaires vs les milliardaires

POLITICS

3/26/20254 min lire

Forbes a recensé un nombre sans précédent de 2 781 milliardaires dans le monde pour son 38 classement annuel, soit 141 de plus qu'en 2023. Leur fortune accumulée représente 14 200 milliards de dollars.

A noter que, comme pour l’économie en général, l’argent est concentré au sommet. Le club des 100 milliards de dollars, qui regroupe l’élite des personnalités dont la fortune atteint les 12 chiffres, compte aujourd’hui un nombre record de 14 membres. Il y a quatre ans, il n’y en avait qu’une seule. Ces quelques chanceux possèdent une fortune totale de 2 000 milliards de dollars, ce qui signifie que seulement 0,5 % des 2 781 milliardaires dans le monde détiennent 14 % de l’ensemble de la fortune des milliardaires. Mais, revenons à la vision large :

Avec 8,2 milliards d'Humains sur Terre, les 2 781 milliardaires représentent les 0,0000339 % les plus riches. Comment expliquer que ces 2781 individus maintienent leur domination sur 8,2 milliards d'êtres humains ? les 99,99997 % ?

Comment expliquer qu'en étant 2,95 millions de fois plus nombreux , les non-milliardaires n'arrivent pas à imposer leur volonté et défendre leur intérêt ? Comment expliquer que les 0,0000339 % gagnent face aux 99,99997 % ?

Plusieurs obstacles empêchent l’adoption de lois plafonnant les fortunes et redistribuant massivement les richesses, malgré le fait que 99,99 % de la population ne soit pas milliardaire et aurait tout à y gagner. Ces obstacles sont à la fois politiques, économiques, psychologiques et structurels.

1. Le pouvoir des milliardaires sur les décisions politiques et économiques

Les ultra-riches ne se contentent pas d’accumuler de l’argent : ils utilisent leur fortune pour influencer les gouvernements, les médias et les institutions internationales.

  • Lobbying massif : Les milliardaires et les grandes entreprises dépensent des milliards en lobbying pour façonner les lois fiscales et économiques en leur faveur (allégements fiscaux, paradis fiscaux, dérégulations…).

  • Contrôle des médias : Une grande partie de la presse est détenue par des milliardaires, ce qui leur permet d’orienter le débat public et de minimiser les critiques contre eux.

  • Captation du politique : Les campagnes électorales étant coûteuses, de nombreux élus dépendent du financement des grandes fortunes, ce qui les pousse à défendre leurs intérêts.

🛑 Conséquence : Les lois qui pourraient plafonner la richesse et redistribuer équitablement les ressources sont systématiquement bloquées ou édulcorées avant d’être appliquées.

2. L’illusion du mérite et le mythe de la méritocratie

Beaucoup de personnes, même parmi les classes moyennes et pauvres, croient que les milliardaires sont riches parce qu’ils ont "travaillé dur" et "mérité" leur fortune.

  • Cette idée est entretenue par la culture populaire (films, biographies, success stories…) qui glorifie les entrepreneurs milliardaires et cache la réalité des privilèges et des inégalités structurelles.

  • Or, dans la plupart des cas, les grandes fortunes reposent sur l’héritage, le capitalisme financier et l’exploitation des ressources naturelles et humaines.

🛑 Conséquence : Beaucoup de gens acceptent inconsciemment les inégalités extrêmes et ne voient pas l’accumulation excessive de richesses comme un problème, voire espèrent en faire partie un jour.

3. La division et la désinformation organisée

Les milliardaires ont un intérêt direct à empêcher la mobilisation des 99,99 % contre eux. Pour cela, plusieurs stratégies sont utilisées :

  • Opposition des classes populaires entre elles : Plutôt que de pointer les ultra-riches comme responsables des inégalités, on détourne l’attention vers des boucs émissaires (migrants, chômeurs, minorités…).

  • Réduction des contestations au silence : Les idées de redistribution sont souvent qualifiées d’"utopiques", "dangereuses" ou "communistes" par les médias dominants.

  • Désinformation économique : On martèle que taxer les riches ou plafonner les fortunes serait une catastrophe économique, alors que les études montrent qu’une meilleure redistribution stimule la croissance et réduit les crises.

🛑 Conséquence : Les citoyens sont divisés et manipulés, empêchant l’émergence d’un mouvement global contre l’oligarchie.

4. Le manque de confiance dans les alternatives politiques

Même lorsque les citoyens sont conscients du problème, beaucoup ne croient pas que des changements profonds soient possibles, car :

  • Les gouvernements successifs, même progressistes, ont souvent renoncé à affronter les ultra-riches, laissant croire qu’aucune réforme ambitieuse n’est réaliste.

  • La corruption et la collusion entre élites économiques et politiques suscitent un fatalisme général : "C’est comme ça, on ne peut rien y faire".

  • Les alternatives politiques qui proposent des mesures radicales sont souvent décrédibilisées ou caricaturées par les médias dominants.

🛑 Conséquence : Même ceux qui voudraient un monde plus juste n’y croient plus et restent passifs.

5. La répression des mouvements sociaux

Lorsqu’un mouvement de contestation commence à prendre de l’ampleur (Gilets Jaunes, Occupy Wall Street, luttes sociales en Amérique Latine...), il est souvent violemment réprimé.

  • Répression policière et judiciaire : Manifestants arrêtés, violences policières, lois liberticides...

  • Criminalisation de la protestation : Les médias présentent les mouvements sociaux comme "radicaux", "dangereux" ou "irréalistes".

  • Absorption et récupération : Quand une idée gagne du terrain, elle est souvent vidée de sa substance par des mesures symboliques qui ne changent rien en profondeur.

🛑 Conséquence : La peur et la lassitude finissent par décourager la mobilisation collective.

Conclusion : Comment dépasser ces blocages ?

Si 99,99 % de la population se mobilisait réellement, les milliardaires ne pourraient pas résister. Mais pour que cela arrive, plusieurs stratégies sont essentielles :
Démystifier le mythe du mérite et montrer que l’accumulation extrême est une captation des richesses collectives.
Créer et renforcer des médias indépendants pour contrer la désinformation.
Développer des mouvements citoyens transnationaux pour imposer des règles globales contre l’évasion fiscale et l’accumulation abusive de richesses.
Faire pression sur les élus pour qu’ils adoptent des lois de redistribution (plafonnement des fortunes, impôt sur les grandes fortunes, fin des paradis fiscaux, etc.).
Multiplier les expériences locales de redistribution et de démocratie participative pour montrer que d’autres modèles économiques sont possibles.

💡 Le combat contre l’existence des milliardaires n’est pas une question d’idéologie, mais de justice et de bon sens économique. C’est une nécessité pour assurer un avenir plus équitable et durable pour tous.